Chapitre 12 : Les tendances dans l’éducation ouverte

Scénario G : L’amémagement des bassins versants

Figure 10.1 The Hart River, Yukon. Image: © www.protectpeel.ca, CC BY-NC
Figure 12.G La rivière Hart au Yukon. Image: © www.protectpeel.ca, CC BY-NC

Pendant plusieurs années, le corps professoral de recherche des départements de gestion des terres et de foresterie à l’University of Western Canada ont élaboré un éventail de graphiques numériques, de modèles informatiques et de simulations au sujet de l’aménagement des bassins versants, en partie conséquemment à des recherches menées par ce corps professoral et en partie pour procurer un soutien et un financement pour les recherches futures.

Après une discussion assez houleuse lors d’une réunion de ce corps professoral il y a quelques années, ses membres ont voté, à une faible majorité, de mettre à disposition ces ressources éducatives ouvertement pour la réutilisation à des fins éducatives en vertu d’une licence de paternité Creative Commons requise, mais sans la possibilité d’aucune utilisation commerciale possible à moins d’en avoir obtenu préalablement la permission expresse des détenteurs du droit d’auteur, qui sont dans ce cas-ci le corps professoral responsable de la création des artéfacts. Ce qui a fait pencher la plupart des votes vers cette décision est que la majorité des membres étaient impliqués activement dans la recherche et voulaient que ces ressources soient offertes à une plus grande échelle. Les organismes chargés de financer le travail menant à la création d’artéfacts d’apprentissage (principalement des conseils nationaux de recherches) se sont réjouis de cette décision de rendre ces artéfacts disponibles plus largement en tant que ressources éducatives ouvertes (REO).

Au départ, les chercheurs ont offert seulement des graphiques et des simulations sur le site Web du groupe de recherche. Et il revenait à chaque membre du personnel enseignant de prendre la décision d’utiliser ou non ces ressources dans leur enseignement. Au fil du temps, le personnel enseignant a commencé à introduire ces ressources dans une gamme de cours du premier cycle et des cycles supérieurs donnés sur le campus.

Par la suite toutefois, cette bonne nouvelle au sujet de ces REO s’est répandue. Les chercheurs qui les avaient créées ont commencé à recevoir des courriels et des appels téléphoniques d’autres chercheurs un peu partout dans le monde. Il est vite devenu évident qu’il existait un réseau ou une communauté de chercheurs dans ce domaine, qui créaient des matériels numériques à la suite de leurs recherches, et qu’il était logique de partager et de réutiliser aussi les matériels provenant d’autres sites. Cela a abouti finalement à la mise en œuvre d’un « portail » Web international d’artéfacts d’apprentissage portant sur l’aménagement des bassins versants.

Les chercheurs ont aussi reçu des appels provenant de différents organismes, ministères de l’Environnement, groupes environnementaux à l’échelle locale, bandes des Premières Nations ou autochtones et, parfois, de diverses grandes compagnies minières ou d’extraction de ressources naturelles. Ces communications ont mené à quelques gros projets d’étude pour le personnel enseignant de ces départements. Concurremment, ce dernier a été en mesure de décrocher d’autres projets de recherche commandés par des organismes non gouvernementaux comme la Conservation de la nature Canada (CNC) de quelques groupes écologiques, ainsi que des conseils nationaux de recherches (leur source habituelle de subventions) en vue de créer davantage de REO.

À ce moment, les départements universitaires avaient dorénavant accès à une grande partie des REO. En outre, deux cours entièrement en ligne du premier cycle (quatrième année) et du cycle supérieur avaient déjà été construits autour des REO, qui avaient été offertes avec succès aux étudiantes et étudiants.

Par conséquent, une proposition a été présentée en vue de créer initialement au cycle supérieur un programme de certificat en aménagement des bassins versants, qui serait entièrement en ligne. Ce projet serait réalisé en utilisant des REO existantes au moyen d’un partenariat avec une université aux États-Unis et une autre, en Sierra Leone. Le programme de certificat devait s’autofinancer grâce aux frais de scolarité; et les frais de scolarité des 25 étudiantes et étudiants de la Sierra Leone devaient être assumés initialement par un organisme d’aide internationale. Après une période de négociation ardue, le doyen a persuadé les administrateurs de l’université que la proportion des frais de scolarité provenant du programme de certificat revenant aux départements devrait être remise directement à ces derniers. Grâce à ces revenus, les départements recruteraient un personnel enseignant permanent supplémentaire pour enseigner les cours du certificat ou couvrir les besoins restants. En outre, les départements verseraient à l’université 25 % de ces revenus pour les frais généraux.

Cette décision a été rendue un peu plus facile par une subvention assez substantielle accordée par Affaires étrangères Canada Global afin d’offrir ce programme de certificat en anglais et en français aux compagnies minières ou d’extraction de ressources naturelles canadiennes, ayant des contrats et des partenaires dans des pays d’Afrique.

Même si le programme de certificat a très bien réussi à attirer des étudiantes et étudiants de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de la Nouvelle-Zélande, il n’a pas été très populaire auprès des populations étudiantes africaines au-delà du partenariat avec l’université en Sierra Leone, quoique les REO et les questions soulevées dans les cours du certificat aient suscité beaucoup d’intérêts. Après avoir proposé le certificat pendant deux ans, les départements ont pris deux décisions majeures :

  • trois autres cours et un projet de recherche seraient ajoutés aux cours existants du certificat, et celui-ci serait offert en tant que programme de maitrise en gestion des ressources des bassins versants en ligne sur une base de récupération complète des couts; et ce, pour favoriser une plus grande participation par des gestionnaires et des professionnels dans les pays africains en particulier et fournirait une qualification reconnue que demandaient les étudiantes et étudiants de ce certificat;
  • en mettant à profit son vaste réseau d’experts extérieurs connectés d’une façon ou d’une autre avec les chercheurs, l’université offrirait une série de MOOC sur des questions liées à l’aménagement des bassins versants; et non seulement des experts bénévoles à l’extérieur de l’université seraient invités à participer au MOOC et à procurer un leadership, mais aussi ces MOOC pourraient utiliser des REO existantes.

Cinq ans plus tard, les résultats suivants ont été enregistrés par le doyen lors d’une conférence internationale sur la durabilité :

  • le programme de maitrise en ligne a doublé le nombre total d’étudiantes et étudiants des cycles supérieurs dans sa Faculté;
  • grâce à l’apport des frais de scolarité, le programme de maitrise a été réalisé sur une base de récupération complète des couts;
  • il y a eu 120 diplômées et diplômés du programme de maitrise annuellement;
  • le taux de réussite a été de 64 %;
  • six nouveaux membres du personnel enseignant permanent ont été recrutés, ainsi que six boursières ou boursiers de recherches postdoctorales;
  • plusieurs milliers d’étudiantes et étudiants (dont 45 % provenant de l’extérieur du Canada) se sont inscrits au moins à un cours du programme de certificat ou de maitrise et ont payé les frais de scolarité;
  • plus de 100 000 étudiantes et étudiants (dont presque la moitié provenant de pays en développement) ont suivi les MOOC;
  • il existe maintenant plus de 1000 heures de REO sur l’aménagement des bassins versants, qui sont disponibles et souvent téléchargées à travers le monde;
  • l’université est maintenant reconnue à l’échelle internationale à titre de chef de file dans l’aménagement des bassins versants.

Quoique ce scénario soit purement une invention de mon imagination, il s’inspire du travail réel et passionnant réalisé à l’University of British Columbia (UBC) :

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L’enseignement à l’ère numérique Droit d'auteur © 2023 par Anthony William (Tony) Bates est sous licence License Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale 4.0 International, sauf indication contraire.

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